
États-Unis. Franck Vallelonga, videur italo-américain d’une boîte de nuit new-yorkaise fermée pour rénovation, se retrouve embauché comme chauffeur par Don Shirley, pianiste noir à la renommée mondiale, afin d’honorer une tournée de huit semaines dans le Midwest et le Sud des États-Unis connus pour soutenir les lois ségrégationnistes toujours en vigueur dans certains États. Malgré une cohabitation au début chaotique, pour ne pas dire antipathique, les deux hommes vont, au gré des difficultés rencontrées, comme celui de trouver un établissement accueillant les personnes de couleur à l’aide d’un guide dit le « Green Book », dépasser leurs préjugés. Ainsi, ils vont s’entraider, se rapprocher petit à petit pour tisser ensemble des liens d’amitié véritables loin de la bassesse humaine rencontrée au cours de leur périple.
La qualité première de Green Book vient de son apparente légèreté quand il s’agit de narrer une épopée où l’amitié entre deux êtres que tout oppose se tisse et sort vainqueur des chemins de l’intolérance. Je dis bien apparente, car il y plane une peinture, celle de son époque, c’est-à-dire de l’Amérique ségrégationniste qui sert de terreau à cette comédie maîtrisée et sincère dans son traitement. Au-delà d’un duo d’acteurs impeccable (Viggo Mortensen, Mahershala Ali), le réalisateur Peter Farrelly qui filme sans pathos, en y mêlant quelques passages obligés en forme de pièces à conviction historiques, arrive à nous émouvoir de façon crescendo pour nous toucher et créer de l’intime dans cette histoire d’amitié au cœur de l’Amérique sudiste excluante, raciste et pétrifiée par sa propre inculture.
Oui, nous sommes finalement touchés par ce conte moderne d’un autrefois où plane une mélancolie salvatrice puisque remplie d’espérance non feinte.
Geoffroy Blondeau
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Green Book : sur les routes du sud, un film de Peter Farelly
USA. 2019. 2h10